Commune de Luc-sur-Aude

Infos pratiques

Mairie

Ouverture au public le lundi et le vendredi de 10h à 12h30 et de 15h à 18h (19h le vendredi).

04 68 74 01 55
mairie@luc-sur-aude.fr

École de Luc-sur-Aude

04 68 74 20 18

Déchèterie

Située à Montazels, chemin de Nouals, elle est ouverte les :

  • mardi, mercredi, vendredi de 8h15 à 12h et de 14h à 18h
  • jeudi matin de 8h15 à 12h
  • samedi de 9h15 à 12h et de 14h à 18h

04 68 74 27 34

Tri sélectif

Plusieurs points de collectes sont répartis sur le territoire communal.
Petit rappel sur les consignes de tri.

Encombrants

Inscrivez-vous à la mairie : notre employé municipal passera lors d'un de son prochain voyage à la déchèterie.

Tractopelle

La commune met à la disposition de ses habitants son tractopelle, avec chauffeur, pour 75€ de l’heure. S’inscrire à la mairie si besoin.

Formalités administratives

Pour faciliter vos démarches, nous avons rassemblé de la documentation officielle sur un grand nombre de formalités.

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Notice historique

Établi à 260 m d’al­ti­tude aux abords immé­diats du ruis­seau de Luc, à envi­ron 800 mètres à l’ouest de la confluence de celui-ci avec le fleuve Aude, le village de Luc-sur-Aude regroupe ses maisons sur le flanc méri­dio­nal d’une petite serre calcaire. Le terri­toire commu­nal, qui s’étend sur 767 hectares, comprend égale­ment, au nord du village, les petites vallées orien­tées de la Peyrouse et du Castillou qui sourdent de profonds ravins enta­mant le causse calcaire. Le plateau sommi­tal, culmi­nant à 565 m, est occupé par les garrigues du Castillou et de Testou­let. Consé­cu­ti­ve­ment au recul de l’éle­vage ovin au cours de la seconde moitié du XXe siècle, ces anciens espaces pasto­raux se sont forte­ment reboi­sés et sont désor­mais recou­verts de bois et maquis de chênes verts, justi­fiant l’usage du topo­nyme l’Au­zina qui désigne la partie méri­dio­nale de cet espace retourné au règne végé­tal. L’es­sen­tiel de l’ac­ti­vité agri­cole se concentre donc dans les parties basses du terri­toire, où les soulanes et les coteaux abri­tés accueillent un vignoble produi­sant des cépages blancs de qualité, tel que le char­don­nay.

On ne dispose curieu­se­ment d’au­cune infor­ma­tion archéo­lo­gique se rappor­tant à l’oc­cu­pa­tion de Luc au cours des périodes préhis­to­riques, proto­his­to­riques et antiques. On peut toute­fois envi­sa­ger que la loca­lité de Luc, mention­née dès la fin du IXe siècle, a pour origine un domaine gallo-romain, puisque son nom n’est autre que le vocable celte signi­fiant le bois. On évoquera égale­ment l’exis­tence, sur la rive droite de l’Aude, d’un ancien domaine nommé Arbo­rera (devenu ensuite Pla d’Ar­bou­lière, puis Barbou­lière sur le compoix de 1715) dans les docu­ments du XIIIe siècle, dont les vestiges ont sans doute depuis long­temps été enfouis pas les allu­vions de ce fleuve.

Le fait que l’église parois­siale soit dédié à sainte Léoca­die de Tolède laisse suppo­ser qu’un premier sanc­tuaire chré­tien y fut édifié au cours Haut-Moyen-âge, à l’époque wisi­go­thique ou au début de la période caro­lin­gienne. Si l’on sait qu’en 889, l’ab­baye béné­dic­tine de Saint-Poly­carpe possé­dait des terres dans le terri­toire de la villa de Luc, on ne dispose par contre d’au­cune infor­ma­tion permet­tant de savoir avec certi­tude à qui appar­te­nait la seigneu­rie du lieu. Une courte analyse d’un acte depuis long­temps perdu mentionne toute­fois la dona­tion faite en 1007 à l’ar­che­vêque de Narbonne par le comte de Carcas­sonne Roger le Vieux et son épouse Azalaïs d’un fief situé dans le terri­toire de Luc.

Luc appar­tient vrai­sem­bla­ble­ment à la caté­go­rie des villages ecclé­siaux nés du regrou­pe­ment des maisons dans et autour de l’en­clos formé par l’église et le péri­mètre consa­cré du cime­tière, qui inter­vient aux alen­tours de l’an mil dans le contexte du mouve­ment de la Paix de Dieu. Il convient de remarquer que Sainte-Léoca­die de Luc est l’une des rares églises du Haut-Razès a avoir conservé une partie de ses éléva­tions romanes de style lombard qui permettent de dater son édifi­ca­tion du XIe siècle, sans doute à l’em­pla­ce­ment du sanc­tuaire primi­tif.

Après la Croi­sade contre les Albi­geois, la seigneu­rie de Luc, comme la plupart des autres seigneu­ries voisines, entre en posses­sion du roi de France en raison du faidi­ment de ses seigneurs. En 1231, agis­sant au nom de Louis IX, le séné­chal de Carcas­sonne, la donne en assi­gnat au cheva­lier fran­ci­lien Pierre de Voisins en 1231, qui y établit immé­dia­te­ment plusieurs fiefs afin de rétri­buer ses vassaux, tel Guil­hem de Fonta­nès et son épouse Comdor de Rennes. Ce qui entraîne en 1232 un litige avec les Hospi­ta­liers de Saint-Jean de Jéru­sa­lem de la comman­de­rie de Magrie à propos de la posses­sion des terres d’Ar­bo­rera, du Pla et de las Bulas, que Raimond de Rennes avait aupa­ra­vant donné aux Hospi­ta­liers. Les époux renoncent alors à la posses­sion de ce fief. Mais il appa­rait qu’une tran­sac­tion inter­vint ensuite par laquelle les Hospi­ta­liers inféo­dèrent ces posses­sions aux époux et à leurs enfants puisqu’en 1258, Comdors, fille du cheva­lier Guil­hem de Rennes, Gulhem de Fonta­nès, son mari, et leurs fils Peire de Rennes, Raimond de Fonta­nès et Guil­hem de Rennes, recon­naissent à frère Fabre de Birac, comman­deur de la maison de l’Hô­pi­tal de Magrie, tout le fief qu’ils ont dans le terri­toire de Sainte-Léoca­die de Luc, aux lieux-dit Bulas et Arbo­rera.

Les Hospi­ta­liers conser­vaient toute­fois la gestion directe de certaines terres situées en bord d’Aude, ainsi que le démontre la cession emphy­téo­tique faite en 1299 par le comman­deur de Magrie à Peire Planel de Luc d’une petite parcelle de terre en friche située à Arbo­rera. Des docu­ments contem­po­rains nous apprennent égale­ment que, outre la culture du blé et de la vigne, les paysans de Luc récol­taient le rodor (redoul) ou corroyère, plan forte­ment tannique qui était utili­sée pour le trai­te­ment des peaux par les tanneurs de Limoux.

Quant à la seigneu­rie du village de Luc, Pierre de Voisins l’au­rait cédée ou inféo­dée à un autre de ses vassaux, le cheva­lier Hugues Jorris, seigneur du Villar-Saint-Anselme. En 1300, ses succes­seurs, Anselme Jorris et Peire Jorris, moyen­nant 25 livres tour­nois et une rede­vance annuelle d’un setier d’avoine payable le 15 août, octroyèrent aux habi­tants de Luc le droit de prendre du bois dans la garrigue seigneu­riale pour leur usage domes­tique sans payer de droit d’usage, ainsi que la faculté d’y faire pâtu­rer leur bétail.

Le lieu de Luc est alors quali­fié de castrum, ce qui suggère qu’il était doté d’une enceinte forti­fiée dont il ne subsiste aucune trace archéo­lo­gique ou topo­gra­phique. Cette enceinte devait proba­ble­ment proté­ger le noyau villa­geois autour de l’église qui, à défaut de château, dut consti­tuer le prin­ci­pal point d’ap­pui pour la défense du village à la fin du Moyen-âge. La partie supé­rieure du mur du chevet présente en effet une série de trous de boulin ayant vrai­sem­bla­ble­ment servi à suppor­ter un système de forti­fi­ca­tion consti­tué d’un couron­ne­ment de hourds. La morpho­lo­gie médié­vale du village est diffi­cile à appré­hen­der en raison des nombreuses modi­fi­ca­tions inter­ve­nues depuis, notam­ment suite aux destruc­tions réité­rées du village au XVIe siècle.

Dans des circons­tances qui nous échappent, une partie impor­tante de la seigneu­rie de Luc entra au début du XIVe siècle en posses­sion d’un riche juriste d’Alet nommé Peire Roque. Mais ce dernier fut convaincu de crime de lèse majesté et d’usage de faux par le comte de Forez, enquê­teur réfor­ma­teur du roi en Langue­doc. Après sa déca­pi­ta­tion, ses biens confisqués furent vendus aux enchères. Le 19 juin 1319, Barthé­lémy, premier évêque d’Alet (l’évê­ché avait été créé le 18 février 1318), achète une partie de ces posses­sions et notam­ment diffé­rents droits et terres à Couiza, Luc, Roque­taillade, Castillou et Nouals.

Après avoir réservé pour lui et son chapitre les domaines de Castillou et de Nouals, l’évêque inféoda le reste à Peire de Fenouillet, seigneur de Cous­taussa, qui s’était égale­ment porté acqué­reurs d’une autre partie des droits que le condamné tenait en fief pour le roi à Couiza et à Luc. En janvier 1355, l’in­ven­taire après décès de son succes­seur, l’évêque Guil­hem, mentionne quali­fie Castillou de borie, ce qui indique que le domaine devait avoir pour voca­tion prin­ci­pale l’éle­vage du gros bétail. L’in­ven­taire mentionne du reste la chambre du bouvier. La tour n’est pas mention­née, mais sa construc­tion remonte vrai­sem­bla­ble­ment à cette période.

En 1358, l’épi­dé­mie peste noire décime entre le tiers et la moitié de la popu­la­tion du Langue­doc. En 1377, on ne dénombre plus que cinq feux à Luc, soit une tren­taine d’ha­bi­tants envi­ron. C’est à cette époque que l’hé­ri­tière de la famille de Fenouillet, seigneur de Cous­taussa et déten­trice de nombreux droits à Luc, épouse Saix de Montesquieu. Au cours des siècles suivant, les Montesquieu de Cous­taussa vont progres­si­ve­ment acqué­rir l’en­semble du terri­toire consti­tuant l’ac­tuelle commune de Luc. C’est ainsi qu’en 1478, Antoine de Montesquieu, seigneur de Cous­taussa et de Raixac, achète au cheva­lier Guil­hem de Voisins, seigneur de Couf­fou­lens, les droits éminent sur la seigneu­rie de Luc, avec toute juri­dic­tion haute, moyenne et basse, et tous les droits et reve­nus qui en relèvent, sauf l’hom­mage et serment de fidé­lité dus au roi de France, pour le prix de 200 livres de monnaie tour­nois.

À l’ins­tar de nombreuses loca­li­tés du Haut Razès, Luc a été victime des guerres qui ensan­glan­tèrent le XVIe siècle. En 1539–1542, au cours du conflit oppo­sant François Ier à l’em­pe­reur Charles Quint, les troupes espa­gnoles basées en Rous­sillon opèrent plusieurs razzias dans la région. En 1540, Jean de Montesquieu, seigneur de Cous­taussa et de Luc, précise que cette dernière loca­lité a été détruite. Trente ans plus tard, ce sont les guerres de Reli­gion qui entrainent une nouvelle destruc­tion du village, incen­dié et pillé par les reli­gion­naires basés dans la cité voisine d’Alet. Seule édifice a avoir partiel­le­ment survécu à ces dévas­ta­tions, l’église Sainte-Eula­lie a toute­fois subit des dégra­da­tions et fut en partie recons­truite au cours des décen­nies suivantes. En 1594, les consuls de Luc expliquent aux commis­saires char­gés d’éta­blir l’as­siette de l’im­pôt de la taille dans le diocèse civil d’Alet qu’en raison des récentes guerres de reli­gion le lieu a été ruiné et en grande partie brûlé. Cette enquête nous apprend égale­ment que le village comp­tait alors 52 maisons.

À la fin du XVIe siècle, profi­tant de l’af­fai­blis­se­ment de l’évê­ché d’Alet consé­cu­tif à l’oc­cu­pa­tion de la cité épis­co­pale au cours des guerres de Reli­gion, les Montesquieu s’ap­pro­prient la métai­rie de Saint-Denis et le domaine de Castillou, ce qui leur vaudra une série de procès avec l’évêque Nico­las Pavillon, grand réfor­ma­teur du diocèse, au cours des années 1660–1670.Au cours des XVIIe et XVIIIe siècle la popu­la­tion s’ac­croit régu­liè­re­ment en dépit des épidé­mies récur­rentes. La néces­sité de nour­rir ces bouches de plus en plus nombreuses contraint à défri­cher de nouvelles terres en marge du finage. Pour mettre en valeurs les terres les plus éloi­gnées du village, des métai­ries sont édifiées dans lesquelles vivent des familles nombreuses.

Outre la métai­rie de la Mort, posses­sion du seigneur de Luc, le compoix de 1715 recense la métai­rie de la Font de la Der. Le village était alors consti­tué de plusieurs quar­tiers regrou­pant un total de 31 maisons : les barris d’Amont et d’Aval, la Barrière, le Cime­tière, la Rive de la Font et la Croux. On ne trouve aucune mention de forti­fi­ca­tion. Le paysage rural est, comme au Moyen-âge, consti­tué de champs et de vignes. Les plateaux calcaires du Causse aux confins de Luc, Peyrolles et Cassaignes, et de la Garrigue aux confins d’Alet et de Peyrolles, sont dévo­lus au pasto­ra­lisme, on y trouve plusieurs berge­ries (bordes). Comme le village ne dispo­sait pas de moulin, les habi­tants étaient contraint d’al­ler moudre leur grain dans le moulin seigneu­rial de Cous­taussa. En 1841, la popu­la­tion de Luc atteint son maxi­mum avec un total de 263 habi­tants.

Déjà impor­tante à la fin du XVIIIe siècle, la viti­cul­ture connaît un déve­lop­pe­ment sans précé­dent au milieu du siècle suivant, en raison du déve­lop­pe­ment du réseau de chemins de fer. Des centaines de kilo­mètres terrasses en pierre sèche recouvrent alors les coteaux calcaires. Cette incroyable expan­sion sera brisée par la crise du Phyl­loxéra à la fin du XIXe siècle qui entraîne l’aban­don progres­sif des vignobles les plus éloi­gnés et les plus diffi­ciles à entre­te­nir. La vigne demeure aujour­d’hui omni­pré­sente aux alen­tours immé­diats du village et contri­bue toujours de façon signi­fi­ca­tive à l’éco­no­mie du village.

Rodrigue Tréton
Docteur en Histoire

Notice repro­duite ici avec l’ai­mable auto­ri­sa­tion de l’au­teur. L’in­té­gra­lité du docu­ment est consul­table en Mairie